Une mauvaise note à un examen est toujours pour les étudiants une sanction et parfois une humiliation. Elle représente une sanction car elle est définitive, et elle humilie quand le noté pense qu’elle délivre un jugement sur lui-même. Or l’échec n’est que le résultat d’une rencontre entre un projet et son environnement [1].

La manip n’a pas marché ? Tant mieux !

Quand un élève s’écrie dans notre laboratoire Tous Chercheurs « l’expérience n’a pas marché ! », les encadrants « jubilent » car ils vont avoir l’opportunité d’aider les élèves à mieux asseoir leur savoir. L’expérience n’a pas donné de résultats interprétables, rephrasent-ils, et ajoutent : je vais vous aider à en chercher la raison. Les élèves se font alors enquêteurs pour rechercher le coupable, l’empêcheur de tourner les manips en rond : un produit périmé, une erreur de manipulation, de mesure ? Ce genre d’enquête les amuse beaucoup et leur permet, à la fin, de mieux comprendre l’expérience dans son ensemble.

Le temps n’est pas le même pour chacun

Très peu d’étudiants réussissent tout du premier coup. Les autres ont besoin de plus de temps pour acquérir la même compétence. Le temps de réfléchir sur les possibles sources des erreurs, le temps de faire et refaire, comprendre et repasser l’examen. C’est donc l’environnement des étudiants qu’il faut changer pour donner ce temps dans un cadre rassurant. En effet, que veut-on ? Que la compétence soit acquise une fois pour toutes ou qu’elle soit uniquement acquise vite ? L’apprentissage n’est pas une course de vitesse. On peut, par exemple, donner aux étudiants la possibilité de soumettre jusqu’à trois fois un devoir sans être pénalisé, et faire la moyenne des trois notes [2].

Motiver les étudiants à se servir de leurs échecs ou le concept de « Fail-forward [3] »

La peur de l’échec est une des causes majeures d’anxiété des étudiants. Cela les bloque et les empêchera plus tard de prendre des risques et par conséquent d’innover. Or, dans leur vie active, ils auront de nombreuses fois à affronter des échecs. S’ils apprennent à considérer l’échec (fail) comme un premier essai pour apprendre et aller en avant (forward), il leur apparaitra alors comme le commencement de quelque chose et non la fin. Au lieu de faire de l’échec un mauvais moment à passer, faisons-le considérer comme une chance d’en savoir plus : qu’est ce que je peux apprendre de cet échec ?

Constance Hammond

Références

[1] Charles Pépin (2019). Les vertus de l’échec, pp190, Pocket

[2] Patron, H., & Smith, W. J. (2011). Implication of fail–forward in an online environment under alternative grading schemes. Journal of Educators Online, 8, 1–13.

[3] Andrew K. Miller (2015). Freedom to fail: How do I foster risk-taking and innovation in my classroom. ASCD Arias

Remi Mahmoud, TEDx. Teaching kids to fail forward. https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=lJs-RiPOKVY&feature=emb_title

 

Illustration Tous Chercheurs (Lycée Saint Exupéry, Marseille)